"Quand Roger Vivier travaillait pour Dior, rien n'avait de limite. Ses souliers étaient réalisés en cuir parfumé ! Entre 1953 et 1963, voici dix ans de folie furieuse. Il inventait des nouveaux talons chaque saison. Talon Louis XV, talon Virgule (mon préféré), talon Polichinelle, talon Choc (mon préféré aussi, parce qu'il est convexe et donc plus que sexy), talon Fuyant, talon Ailé, talon Couronne, talon Boule, talon Torsade, talon Bobine, talon Toupie, talon Tibet, talon Bottier, talon Cubain, et même un talon Poignard - encore mon préféré - convexe mais plus large et plus spectaculaire. Dans ce livre, on voit même les escarpins d'intérieur de la duchesse de Windsor - oui elle portait des Dior à talons Louis XV en guise de chaussons, et en toute mégalomanie, elle lui avait demandé de lui broder des W entrelacés, pour Wallis Windsor.

Le chausseur modifie l'anatomie du pied, crée des volumes triangulaires ; des bouts relevés à la persane ; des spirales de faille posées sur la chaussure qui devient sculpture discrète ; des boules ; des noeuds à trois ailes ; parfois juste un pli comme un coup de sabre qui traverse la chaussure ; ou alors, Roger Vivier se contente de pincer le satin pour un effet de pliage tout simple qui suffit pour que ça crie Dior. Et quand c'est noir, même si cela date de 1957, l'année du décès de Dior, cela semble fait pour la saison prochaine. Et puis il y a cet escarpin de 1960. Des perles mobiles de verre bleu sont cousues sur la chaussure : quand la dame marche, elle semble éclabousser, marcher sur l'eau. Du génie." by Loïc Prigent pour Les Echos

« Dior par Roger Vivier », textes d'Elizabeth Semmelhack, photos Gérard Uféras. Editions Rizzoli.

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